À propos de l'auteur.e
On fait parfois d’étranges rencontres en Franche-Comté. Au détour d’une zone artisanale, derrière une façade presque discrète, se cache un atelier dont peu soupçonne l’existence. À l’intérieur, des créatures préhistoriques reprennent vie, plus vraies que nature. C’est ici, à l’Hôpital-du-Grosbois, que Cyril Jung, crée et anime des dinosaures grandeur nature. Bienvenue dans les coulisses de Paléo Art Studio.
À peine garés sur le parking du Paléo Art Studio, qu’un souffle rauque trouble le silence et une silhouette écailleuse se dessine, massive, menaçante. Aucun doute : nous sommes au bon endroit. Tyrannosaure, vélociraptor, brachiosaure, mammouth… Plus de 40 créatures grandeurs nature surgissent de la pénombre de l’atelier. Dans un coin, quelques croquis. Plus loin, une structure acier animée qui attend avec impatience sa carapace de résine. Soudain, derrière un tyrannosaure de près de cinq mètres de haut, une silhouette humaine émerge. La cinquantaine pétillante, Cyril Jung nous accueille dans son monde à lui, soit 800 m² de locaux peuplés d’étranges créatures.
Un savoir-faire unique en France

Depuis près de 30 ans, ce plasticien-sculpteur redonne vie aux géants disparus avec une précision stupéfiante. Formé aux Beaux-Arts, aux Arts Déco et en histoire au Palais Universitaire de Strasbourg, Cyril Jung a d’abord travaillé pendant dix ans comme paléo-artiste dans un grand parc à thème. En 2009, il fonde son propre atelier, Paléo Art Studio, pour laisser libre cours à sa créativité. Trois ans plus tard, il explore une nouvelle voie, les automates, et devient précurseur dans la fabrication de dinosaures animatroniques. Ses créatures mécaniques capables de bouger, grogner, cligner des yeux font sensation. Un grand zoo français spécialisé dans la conservation d’espèces disparues, lui en a d’ailleurs commandé six tout récemment.
Conception, mécanique, soudure, modelage, programmation, sculpture, carrosserie, peinture, finitions, transport, installation… L’homme, aidé de sa petite équipe, maîtrise presque tout, combinant à la fois connaissances scientifiques sur la préhistoire, techniques artisanales et expression artistique. Son savoir-faire est tel qu’on vient le copier depuis la Chine. « J’ai retrouvé toute une délégation en train d’analyser l’une de mes pièces. Quelques mois plus tard, elle était vendue sur internet à des prix défiant toute concurrence. Mais la qualité n’a rien à voir et on en a vu plus d’une brûler. », confie Cyril Jung. Pour redonner vie à ces colosses disparus, il lui faut environ deux mois et demi de travail. Pas de moule, ni de copié-collé : au Paléo Art Studio, chaque pièce est unique. Un savoir-faire 100% français et entièrement réalisé en interne.
Un réalisme bluffant
Avant de voir le jour, chaque dinosaure passe par une phase de recherche documentaire poussée. À partir de planches anatomiques et de données recueillies auprès de spécialistes, l’équipe reconstitue la musculature et les rendus de peau avec un souci du détail extrême. Résine polyester, latex, élastomères, poils naturels ou synthétiques, cuir sculpté… Les matériaux choisis renforcent l’illusion. « Des paléontologues viennent valider l’ensemble de l’animal », précise-t-il.
Aujourd’hui, les réalisations de l’atelier doubien – en location ou en commande sur-mesure – peuplent musées, parcs de loisirs (Vulcania), zoos, expositions et même des centres commerciaux. « Quand on a fait l’expo « Le Monde des dinosaures » à Alpexo Grenoble, il y a eu 100 000 visiteurs de plus que l’année d’avant », glisse-t-il en souriant. Avec plus de 30 spécimens rigides ou animés à louer, elle est la plus grande exposition de dinosaures en France. Autre ambiance avec son exposition « Retour à l’âge de pierre » qui plonge les visiteurs dans une grotte préhistorique de 30 m2. Fresques rupestres, scènes de chasse, découvertes du feu, son et lumières… Une immersion totale, conçue pour dépoussiérer les idées reçues véhiculées dans les écoles pendant plus d’un siècle. « À travers la reconstitution de scènes de vie, on apprend, entre autres, que les hommes préhistoriques n’ont pas chassé les mammouths ou qu’il n’est pas possible de faire du feu avec deux silex. »
Des chevaux comtois, des vaches…
Le talent de Cyril Jung ne se limite pas aux créatures disparues. Quelques-uns de ses chevaux comtois en résine ont pris place dans les villages de Maîche et de Jussey, berceaux de la race. À Roche-lez Beaupré, c’est une montbéliarde grandeur nature qui attire les regards place de la Poste. Commandée par la société coopérative agricole fromagère du plateau de Bouclans, elle est la seule vache du village depuis la retraite du dernier agriculteur en 1984. Des modèles qui respectent scrupuleusement les spécificités morphologiques des espèces, surveillés de près par les éleveurs et spécialistes en la matière. Personnages en résine fixes ou articulés, statues (dont la statue de Vauban créée pour la ville de Briançon), décors, faux rochers ou cascades artificielles, objets design… L’atelier multiplie les créations originales, portées par une inventivité débordante et beaucoup de talent •
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