À propos de l'auteur.e
Ils ont eu l’audace de tout quitter pour réaliser leur rêve. Jean-Louis Charbonel et Samuel Navarro ont troqué leur vie citadine et leurs métiers pour reprendre une exploitation agricole. À deux pas de la Suisse, à la croisée des Chemins de la Contrebande et de la Grande Traversée du Jura, la Ferme des Louisots est aujourd’hui une ferme-auberge campée dans un décor de carte postale.
C’est l’histoire d’un coup de cœur pour un lieu, un paysage et surtout, une ferme du 16e siècle. C’est à Fournet-Blancheroche, petit village du Haut-Doubs d’à peine 350 âmes, que Jean-Louis Charbonel et Samuel Navarro ont posé leurs valises. Pourtant, Jean-Louis n’était pas prédestiné à devenir agriculteur. Originaire de Côte d’Or, il fait ses armes en cuisine avant de tout plaquer pour réaliser un rêve d’enfant : avoir des vaches comme ses grands-parents. Parce qu’il n’est ni du coin, ni du métier, il peine à trouver vendeur. Mais en 2002, il tombe finalement sur une exploitation agricole biologique qui cherche un repreneur. Il se forme sur le terrain et s’installe seul dans cette vieille ferme comtoise du 16e siècle, délabrée mais pleine de potentiel. Le défi est colossal mais Jean-Louis s’accroche pour la restaurer, la faire prospérer et prouver qu’il a sa place dans un monde agricole qui ne pardonne pas la moindre faiblesse.
C’est en 2014 que Samuel, alors professeur des écoles, rejoint l’aventure. Originaire de l’Yonne, il enseigne dans le Doubs lorsqu’il rencontre son futur associé. Pendant quelques années, il jongle entre son métier d’enseignant et son engagement à la ferme avant de franchir définitivement le pas en 2021. À 40 ans, la Chambre d’agriculture le juge « trop vieux » pour une reconversion. Qu’importe. Il se forme aux techniques fromagères à l’EnilBio de Poligny, apprend sur le tas, fait des stages en chèvrerie et c’est ainsi qu’une trentaine de chevrettes rejoignent la ferme.
Une adresse dans l’air du temps
Vingt ans plus tard, la ferme a bien évolué. L’exploitation biologique compte une trentaine de vaches Simmental, une race rare dans la région, dont le lait est autorisé dans la fabrication du Comté. Samuel se charge de l’élevage de chèvres laitières et de la transformation fromagère. Ses fromages sont vendus sur place ou écoulés sur leurs tables. La ferme abrite également cinq charmantes et spacieuses chambres d’hôtes, « plus confortables qu’à l’hôtel », insistent les clients croisés sur place. Côté auberge, même jolie promesse : les propriétaires des lieux transforment leurs produits de la ferme en de succulentes spécialités maison. Une cuisine généreuse, locale ou bio. Sans oublier l’immense jardin de plus de 300 plantes vivaces et ornementales. Une véritable petite entreprise qu’ils ont réussi à faire prospérer.
Un cocon au milieu des sentiers de randonnée
Dès l’entrée, les clients sont plongés dans l’ambiance de la vie à la ferme : derrière une large baie vitrée, ils peuvent observer Jean-Louis à l’étable, s’affairer auprès de son troupeau. Chaleureuse, rénovée avec amour et beaucoup de soin, bercée par le son des clarines, la ferme accueille randonneurs et voyageurs en quête de nature, de calme et d’authenticité. Français, Belges, Suisses ou Allemands viennent ici se ressourcer, au gré des sentiers de randonnée qui sillonnent les alentours. Quant aux randonneurs locaux, ils trouvent ici une étape autour d’une table qui ne les décevra pas. « Nos clients nous disent souvent qu’il y a une âme ici », confie Samuel. Un havre de paix où l’on vient autant pour le paysage que pour l’histoire humaine qui s’y écrit, jour après jour, au rythme de la vie de l’exploitation •