À propos de l'auteur.e
Il y a 16 ans, on les regardait avec scepticisme. Aujourd’hui, leur savoir-faire les a propulsés au cœur d’un chantier historique : la renaissance de Notre-Dame de Paris. Paul Zahnd et Julien Hentzy ne manient ni scie circulaire ni machines modernes, mais la hache, comme les maîtres charpentiers du 13e siècle.
à la sortie de l’un des plus beaux villages de France, un duo de charpentiers pas comme les autres, a pris ses quartiers dans l’ancienne tuilerie puis scierie de Schiste, à Lods. Le lieu, à lui seul, parle de lui-même : blotti entre une haute falaise et la Loue, l’Atelier de la Grande Oye coule des jours heureux… À l’image de ses patrons, Paul Zahnd et Julien Hentzy, qui, hache à la main, enchaînent leurs gestes avec une fluidité bien huilée. « Ça paraît dingue mais c’est une intelligence paysanne, une intelligence du corps. À un moment donné, on lâche le cerveau et les choses se font toutes seules », souffle Julien Hentzy. À l’unisson, les deux associés effectuent leurs mouvements avec dextérité, calme et maîtrise. L’outil ancien, d’apparence rudimentaire, entame pourtant le bois avec une précision presque chirurgicale, suivant la fine ligne tracée au cordex sur la poutre de chêne. Debout sur leur fût de chêne, il leur faudra une demi-journée de travail pour équarrir chacun un fût de chêne et en tirer une poutre parfaitement rectiligne, marquée de ces légers défauts qui font tout le charme d’un travail à l’ancienne.
L’un des tous premiers équarisseurs français
Tombé dans l’oubli après la Seconde Guerre mondiale, ce savoir-faire millénaire a été relancé il y a une quinzaine d’années, sous l’influence de Paul Zahnd et de quelques rares confrères français. « On me prenait pour un farfelu. Même aujourd’hui, alors qu’on a travaillé sur Notre-Dame, certains charpentiers rigolent encore », sourit-il sans amertume. En 2016, il quitte Pontarlier pour s’installer à Lods et fonde l’Atelier de la Grande Oye avant de s’associer quatre ans plus tard, avec son ami Julien Hentzy, qu’il forme au métier. Leurs bois, des chênes et des épicéas, proviennent des forêts alentours. « En équarrissant à la hache, on peut valoriser des bois tordus, trop petits ou déclassés par l’industrie. Ce n’est pas qu’ils sont moins bons, c’est juste que l’industrie ne sait pas les utiliser », soulignent-ils. Pergolas, maisons neuves (ossature bois, poteaux-poutre, colombages…), extensions, abris de garage, chalets… L’atelier construit une à deux maisons neuves par an. Largement suffisamment pour faire tourner la petite entreprise doubienne. Sans compter la formation. En effet, chaque année, le duo forme de plus en plus de charpentiers venus de toute la France et même d’Europe


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